lundi 24 février 2014

Walden


Till Gerhard, Walden, 2004

dimanche 16 février 2014

La lecture par Blaise Cendrars

Quelle chose étonnante que la lecture qui abolit le temps, transvase l'espace vertigineux sans pour cela suspendre le souffle, ni ravir la vie au lecteur! On est emporté sur un tapis volant. Le bonnet enchanté de Fortunatus vous coiffe la tête. On se croit invisible, absent, bien qu'étant partout présent, fébrile, ce livre à la main, que l'on dévore, que l'on mange des yeux, comme une opération de magie blanche, pour se nourrir l'esprit.
Et la lecture est en effet une opération magique de la conscience qui révèle une des facultés les plus méconnues de l'homme et qui lui confère un grand pouvoir: la faculté de bilocation et le pouvoir de s'isoler, de s'abstraire, de sortir de sa propre vie sans perdre contact avec la vie, bref de communier avec tout, même quand on ne croit plus à rien.

Blaise Cendrars, l’Égoutier de Londres (nouvelle parue dans Histoires vraies), Paris, 1937