mercredi 2 septembre 2020

L’histoire d’une âme de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face.

Voici quelques passages de l’histoire d’une âme de Sainte Thérèse, qui m’ont interpellé, qui ont « résonné » avec mon âme :

Chapitre V – Après la grâce de Noël (1886-1887)

·     De l’humeur et de la météo: « J’ai remarqué que dans toutes les circonstances graves de ma vie, la nature était à l’image de mon âme. Les jours de larmes, le Ciel pleurait avec moi, les jours de joie, le Soleil envoyait à profusion ses gais rayons et l’azur n’était obscurci d’aucun nuage. »

·     De l’âme des enfants: « En voyant ces âmes innocentes, j’ai compris quel malheur c’était de ne pas bien les former dès leur éveil, alors qu’elles ressemblent à une cire molle sur laquelle on peut déposer l’empreinte des vertus mais aussi celle du mal… j’ai compris ce qu’a dit Jésus en l’Evangile : qu’il vaudrait mieux être jeté à la mer que de scandaliser un seul de ces petits enfants. Ah ! que d’âmes arriveraient à la sainteté si elles étaient bien dirigées. »

·      De l’alliance de Thérèse et de Jésus: « J'étais à l'âge le plus dangereux pour les jeunes filles, mais le bon Dieu a fait pour moi ce que rapporte Ezéchiel dans ses prophéties : « Passant auprès de moi, Jésus a vu que le temps était venu pour moi d'être aimée, Il a fait alliance avec moi et je suis devenue sienne... Il a étendu sur moi son manteau, il m'a lavée dans les parfums précieux, m'a revêtue de robes brodées, me donnant des colliers et des parures sans prix... Il m'a nourrie de la plus pure farine, de miel et d'huile en abondance... alors je suis devenue belle à ses yeux et Il a fait de moi une puissante reine !»

Chapitre VI – Le voyage à Rome (1887)

·     Du nom: « N’ayant jamais vécu parmi le grand monde, Céline et moi nous trouvâmes au milieu de la noblesse qui composait presque exclusivement le pèlerinage. Ah ! Bien loin de nous éblouir, tous ces titres et ces « de » ne nous parurent qu’une fumée … De loin cela m’avait quelquefois jeté un peu de poudre aux yeux, mais de près, j’ai vu que « tout ce qui brille n’est pas or » et j’ai compris cette parole de l’Imitation « Ne poursuivez pas cette ombre qu’on appelle un grand nom, ne désirez ni de nombreuses liaisons, ni l’amitié particulière d’aucun homme ». J’ai compris que la vraie grandeur se trouve dans l’âme et non dans le nom puisque comme le dit Isaïe « le Seigneur donnera un autre nom à ses élus » et Saint Jean dit aussi « que le vainqueur recevra une pierre blanche sur laquelle est écrit un nom nouveau que nul ne connaît que celui qui le reçoit ».

·    De Venise: « Venise n’est pas sans charme, mais je trouve cette ville triste. Le palais des doges est splendide cependant il est triste lui aussi avec ses vastes appartements où s’étalent l’or, le bois, les marbres les plus précieux et les peintures des plus grands maîtres. Depuis longtemps ses voûtes sonores ont cessé d’entendre la voix des gouverneurs qui prononçaient des arrêts de vie et de mort dans les salles que nous avons traversées ». Chapitre VI – Le voyage à Rome (1887)

·      Du recours à Dieu avant le recours aux saints: « Une autre fois je me trouvai à côté de lui (NDLR : Mgr Révérony) en omnibus, il fut encore plus aimable et me promit de faire tout ce qu'il pourrait afin que j'entre au Carmel... Tout en mettant un peu de baume sur mes plaies, ces petites rencontres m'empêchèrent pas le retour d'être beaucoup moins agréable que l'aller, car je n'avais plus l'espoir « du St Père » ; je ne trouvais aucun secours sur la terre qui me paraissait un désert aride et sans eau ; toute mon espérance était dans le Bon Dieu seul... je venais de faire l'expérience qu'il vaut mieux avoir recours à Lui qu'à ses saints... »

·    De l’épreuve de la foi: « Cette épreuve fut bien grande pour ma foi, mais Celui dont le cœur veille pendant son sommeil, me fit comprendre qu'à ceux dont la foi égale un grain de sénevé, il accorde des miracles et fait changer de place les montagnes, afin d'affermir cette foi si petite ; mais pour ses intimes, pour sa Mère, il ne fait pas de miracles avant d'avoir éprouvé leur foi. Ne laissa-t-Il pas mourir Lazare, bien que Marthe et Marie Lui aient fait dire qu'il était malade ?... Aux noces de Cana, la Ste Vierge ayant demandé à Jésus de secourir le Maître de la maison, ne Lui répondit-Il pas que son heure n'était pas encore venue ?... Mais après l'épreuve, quelle récompense ! l'eau se change en vin... Lazare ressuscite !... Ainsi Jésus agit-Il envers sa petite Thérèse : après l'avoir longtemps éprouvée, Il combla tous les désirs de son cœur... »

·      Comme une balle dans les mains de Jésus: « Depuis quelque temps je m'étais offerte à l'Enfant Jésus pour être son petit jouet, je Lui avais dit de ne pas se servir de moi comme d'un jouet de prix que les enfants se contentent de regarder sans oser y toucher, mais comme d'une petite balle de nulle valeur qu'il pouvait jeter à terre, pousser du pied, percer, laisser dans un coin ou bien presser sur son coeur si cela Lui faisait plaisir ; en un mot, je voulais amuser le petit Jésus, lui faire plaisir, je voulais me livrer à ses caprices enfantins... Il avait exaucé ma prière... A Rome Jésus perça son petit jouet, Il voulait voir ce qu'il y avait dedans et puis l'ayant vu, content de sa découverte, Il laissa tomber sa petite balle et s'endormit... Que fit-Il pendant son doux sommeil et que devint la petite balle abandonnée ?... Jésus rêva qu'il s'amusait encore avec son jouet, le laissant et le prenant tour à tour, et puis qu'après l'avoir fait rouler bien loin Il le pressait sur son coeur, ne permettant plus qu'Il s'éloigne jamais de sa petite main... » […]

« J'avais trouvé dans ma chambre, au milieu d'un charmant bassin, un petit navire qui portait le petit Jésus dormant avec une petite balle auprès de Lui, sur la voile blanche Céline avait écrit ces mots : « Je dors mais mon cœur veille » et sur le vaisseau ce seul mot : « Abandon! » Ah ! si Jésus ne parlait pas encore à sa petite fiancée, si toujours ses yeux divins restaient fermés, du moins, Il se révélait à elle par le moyen d'âmes comprenant toutes les délicatesses de l'amour de son coeur... »

Chapitre VII – Premières années au Carmel (1888-1890)

·      De la prière pour les prêtres: « Pendant un mois j'ai vécu avec beaucoup de saints prêtres et j'ai vu que, si leur sublime dignité les élève au-dessus des anges, ils n'en sont pas moins des hommes faibles et fragiles... Si de saints prêtres que Jésus appelle dans son Evangile : « Le sel de la terre» montrent dans leur conduite qu'ils ont un extrême besoin de prières, que faut-il dire de ceux qui sont tièdes ? Jésus n'a-t-il pas dit encore : « Si le sel vient à s'affadir, avec quoi l'assaisonnera-t-on? » O ma Mère ! qu'elle est belle la vocation ayant pour but de conserver le sel destiné aux âmes ! Cette vocation est celle du Carmel, puisque l'unique fin de nos prières et de nos sacrifices est d'être l'apôtre des apôtres, priant pour eux pendant qu'ils évangélisent les âmes par leurs paroles et surtout par leurs exemples. » […] Ce que je venais faire au Carmel, je l'ai déclaré aux pieds de Jésus-Hostie, dans l'examen qui précéda ma profession : « Je suis venue pour sauver les âmes et surtout afin de prier pour les prêtres ».

Chapitre VIII – De la profession à l’offrande à l’amour (1890-1895)

·    De la nourriture spirituelle et de Jésus caché au fond du cœur: « J'ai remarqué bien des fois que Jésus ne veut pas me donner de provisions, il me nourrit à chaque instant d'une nourriture toute nouvelle, je la trouve en moi sans savoir comment elle y est... Je crois tout simplement que c'est Jésus Lui-même caché au fond de mon pauvre petit coeur qui me fait la grâce d'agir en moi et me fait penser tout ce qu'Il veut que je fasse au moment présent. »

·       Du faire-part des noces de Sainte Thérèse avec Jésus:

Lettre d'Invitation aux Noces de sœur Thérèse de l'Enfant Jésus de la Sainte Face.

o   Le Dieu Tout-Puissant, Créateur du Ciel et de la terre, Souverain Dominateur du Monde et la Très glorieuse Vierge Marie, Reine de la Cour céleste, veulent bien vous faire part du Mariage de leur Auguste Fils, Jésus, Roi des Rois et Seigneur des seigneurs, avec Mademoiselle Thérèse Martin, maintenant Dame et Princesse des royaumes apportés en dot par son Divin Époux, savoir : L'Enfance de Jésus et sa Passion, ses titres de noblesse étant : de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face.

o   Monsieur Louis Martin, Propriétaire et Maître des Seigneuries de la Souffrance et de l'Humiliation et Madame Martin, Princesse et Dame d'Honneur de la Cour Céleste, veulent bien vous faire part du Mariage de leur Fille Thérèse, avec Jésus le Verbe de Dieu, seconde Personne de l'Adorable Trinité qui par l'opération du Saint Esprit s'est fait Homme et Fils de Marie, la Reine des Cieux.

Chapitre X – L’épreuve de la foi (1897)

·       Il ne faut jamais juger:

« Oui je le sens, lorsque je suis charitable, c'est Jésus seul qui agit en moi ; plus je suis unie à Lui, plus aussi j'aime toutes mes sœurs. Lorsque je veux augmenter en moi cet amour, lorsque surtout le démon essaie de me mettre devant les yeux de l'âme les défauts de telle ou telle sœur qui m'est moins sympathique, je m'empresse de rechercher ses vertus, ses bons désirs, je me dis que si je l'ai vue tomber une fois elle peut bien avoir remporté un grand nombre de victoires qu'elle cache par humilité, et que même ce qui me paraît une faute peut très bien être à cause de l'intention un acte de vertu.

Je n'ai pas de peine à me le persuader, car j'ai fait un jour une petite expérience qui m'a prouvé qu'il ne faut jamais juger. - C'était pendant une récréation, la portière sonne deux coups, il fallait ouvrir la grande porte des ouvriers pour faire entrer des arbres destinés à la crèche. La récréation n'était pas gaie, car vous n'étiez pas là, ma Mère chérie, aussi je pensais que si l'on m'envoyait servir de tierce, je serai bien contente ; justement mère Sous-Prieure me dit d'aller en servir, ou bien la sœur qui se trouvait à côté de moi ; aussitôt je commence à défaire notre tablier, mais assez doucement pour que ma compagne ait quitté le sien avant moi, car je pensais lui faire plaisir en la laissant être tierce. La sœur qui remplaçait la dépositaire nous regardait en riant et voyant que je m'étais levée la dernière, elle me dit : « Ah! j'avais bien pensé que ce n'était pas vous qui alliez gagner une perle à votre couronne, vous alliez trop lentement... » Bien certainement toute la communauté crut que j'avais agi par nature et je ne saurais dire combien une aussi petite chose me fit de bien à l'âme et me rendit indulgente pour les faiblesses des autres. Cela m'empêche aussi d'avoir de la vanité lorsque je suis jugée favorablement car je me dis ceci : Puisqu'on prend mes petits actes de vertus pour des imperfections, on peut tout aussi bien se tromper en prenant pour vertu ce qui n'est qu'imperfection. Alors je dis avec St Paul : Je me mets fort peu en peine d'être jugé par aucun tribunal humain. Je ne me juge pas moi-même, Celui qui me juge c'est LE SEIGNEUR. Aussi pour me rendre ce jugement favorable, ou plutôt afin de n'être pas jugée du tout, je veux toujours avoir des pensées charitables car Jésus a dit : Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés. »

·         Quand l’autre semble désagréable:

« Il se trouve dans la communauté une sœur qui a le talent de me déplaire en toutes choses, ses manières, ses paroles, son caractère me semblaient très désagréables. Cependant c'est une sainte religieuse qui doit être très agréable au bon Dieu, aussi ne voulant pas céder à l'antipathie naturelle que j'éprouvais, je me suis dit que la charité ne devait pas consister dans les sentiments, mais dans les œuvres ; alors je me suis appliquée à faire pour cette sœur ce que j'aurais fait pour la personne que j'aime le plus. A chaque fois que je la rencontrais je priais le bon Dieu pour elle, Lui offrant toutes ses vertus et ses mérites. Je sentais bien que cela faisait plaisir à Jésus, car il n'est pas d'artiste qui n'aime à recevoir des louanges de ses œuvres et Jésus, l'Artiste des âmes, est heureux lorsqu'on ne s'arrête pas à l'extérieur mais que, pénétrant jusqu'au sanctuaire intime qu'il s'est choisi pour demeure, on en admire la beauté. Je ne me contentais pas de prier beaucoup pour la sœur qui me donnait tant de combats, je tâchais de lui rendre tous les services possibles et quand j'avais la tentation de lui répondre d'une façon désagréable, je me contentais de lui faire mon plus aimable sourire et je tâchais de détourner la conversation, car il est dit dans l'Imitation : Il vaut mieux laisser chacun dans son sentiment que de s'arrêter à contester. »

Chapitre XI – Ceux que vous m’avez donnés (1896-1897)

·        Sainte Thérèse, un pinceau de Jésus:

« Ma Mère bien-aimée, je suis un petit pinceau que Jésus a choisi pour peindre son image dans les âmes que vous m'avez confiée. Un artiste ne se sert pas que d'un pinceau, il lui en faut au moins deux ; le premier est le plus utile, c'est avec lui qu'il donne les teintes générales, qu'il couvre complètement la toile en très peu de temps, l'autre, plus petit, lui sert pour les détails. Ma Mère, c'est vous qui me représentez le précieux pinceau que la main [de] Jésus saisit avec amour lorsqu'Il veut faire un grand travail dans l'âme de vos enfants, et moi je suis le tout petit dont Il daigne se servir ensuite pour les moindres détails »

·        De la différence des âmes:

« J'ai vu d'abord que toutes les âmes ont à peu près les mêmes combats, mais qu'elles sont si différentes d'un autre côté que je n'ai pas de peine à comprendre ce que disait le Père Pichon : «Il y a bien plus de différence entre les âmes qu'il n'y en a entre les visages.» Aussi est-il impossible d'agir avec toutes de la même manière ».

·        De la direction des âmes:

« Avec certaines âmes, je sens qu'il faut me faire petite, ne point craindre de m'humilier en avouant mes combats, mes défaites ; voyant que j'ai les mêmes faiblesses qu'elles, mes petites sœurs m'avouent à leur tour les fautes qu'elles se reprochent et se réjouissent que je les comprenne par expérience. Avec d'autres j'ai vu qu'il faut au contraire pour leur faire du bien, avoir beaucoup de fermeté et ne jamais revenir sur une chose dite. S'abaisser ne serait point alors de l'humilité, mais de la faiblesse. »

·       De la force de la prière dans les échanges:

« Oui mais... je m'aperçois vite qu'il ne faut pas trop s'avancer, un mot pourrait détruire le bel édifice construit dans les larmes. Si j'ai le malheur de dire une parole qui semble atténuer ce que j'ai dit la veille, je vois ma petite sœur essayer de se raccrocher aux branches, alors je fais intérieurement une petite prière et la vérité triomphe toujours. Ah ! c'est la prière, c'est le sacrifice qui font toute ma force, ce sont les armes invincibles que Jésus m'a données, elles peuvent bien plus que les paroles toucher les âmes, j'en ai fait bien souvent l'expérience. »

·       De la prière:

« Pour moi, la prière, c'est un élan du coeur, c'est un simple regard jeté vers le Ciel, c'est un cri de reconnaissance et d'amour au sein de l'épreuve comme au sein de la joie ; enfin c'est quelque chose de grand, de surnaturel, qui me dilate l'âme et m'unit à Jésus. »

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, 1895


1 commentaire:

  1. Du nom
    Il est dit que le voyage fut très couteux, c’est dire que les Martin avaient les moyens .Sur les 200 pèlerins un quart était de la noblesse .Thérèse a eu donc le loisir d’en cotoyer tous les aspects durant les 14 jours du voyage
    Elle qui n’en n’était pas, fut de prime abord éblouie par le côté brillant de cette société, mais très vite en a vu le côté superficiel et s’en est détourné. Connaissait –elle alors l’Imitation et les textes de la Bible, auxquelles elle se réfère ?

    De Venise
    Thérèse trouve Venise triste, peut être que la météo y a été pour quelque chose car le voyage a eu lieu en novembre ( entre le 7 et le 20 ) qui n’est pas la meilleure saison…
    Elle n’ a pas encore 15 ans, mais a visité Venise avec intensité, en captant tout , depuis le murmure de l’onde agitée par les rames, ( car elle a pris une gondole ! ) jusqu’aux récits des guides dans le palais des doges et les tableaux des grands maîtres
    Mais elle est déjà sur la voie de la sainteté lorsqu’en visitant les prisons elle se croyait au temps des martyrs et voulait y rester afin de les imiter…
    Tout cela est encore vivant dans sa mémoire 8 ans plus tard lorsqu’elle écrit son Histoire
    On l’imagine dans sa cellule en train d’écrire ses souvenirs à la lueur d’une chandelle

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