C’est en achevant la lecture du
récit – haletant – du périple à Saint Jacques de Compostelle de Jean-Christophe
Rufin que m’est venue cette expression. Après avoir parcouru 800 kilomètres à
pied sur le « Camino del Norte », l’auteur s’emploie à dénigrer la
ville, ses touristes et sa grandeur. Santiago détone beaucoup trop avec la
modestie des villages parcourus et du chemin. Rufin est désagréablement
surpris, Santiago lui a fait une mauvaise première impression.
En lisant ces mots de Rufin, par
contraste et révolte même, l’impression forte, positive et enthousiaste que
j’ai eue de ma deuxième arrivée à Santiago resurgissait. C’était à l’aube. Nous nous étions réveillés tôt,
avec mon camarade Mehdi, pour pouvoir être les premiers à recevoir la « Compostella »,
le Grâle du pèlerin. Nous étions partis de Monte do Gozo, célèbre pour son
monument à la gloire de Jean-Paul II et cette auberge aux milliers de lits. Des
formes floues, bleu blanc et rose dessinaient le ciel. Nous avions des jambes
légères, dans la descente, nous avions totalement oublié la pénible et longue
étape de la veille. Nous avons traversé – et même survolé- les faubourgs de la
ville, sans être touchés par ces affres urbaines, auxquelles Rufin consacre
plusieurs pages. Puis les pavés de la vieille ville, fraîchement rincés à
grands coups de jets d’eau, nous conduisent, toujours en descendant, à travers
des rues désertes, sous des portes étroites et hautes, vers l’immense place de
Santiago. La place est un désert noir, majestueux, beau. Nous restons là. Bientôt, le monde grouille; le soleil fait tambouriner les ors,
secouer les crécelles, et claironner les plus hautes gargouilles. Quelle forte impression!
Bologne, Février 2014
Bologne, Février 2014
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